Pose ton sac, Isaac

J’ai appris beaucoup de choses sur le Chemin de Compostelle en 2013. J’avais fait le choix de partir seul, de porter mon sac jusqu’au bout,  de dormir dans les dortoirs communs des « albergues » et de manger comme tous les pèlerins.  J’étais parti seul mais j’ai marché en compagnie des personnes de différentes nationalités.  Avec ces compagnons de route occasionnels, la question « brise-glace » était toujours la même : d’où viens-tu ?  Cette simple question contenait en fait plusieurs tiroirs et pouvait signifier à la fois de quelle étape viens-tu, de quel pays, de quelle ville etc… Personnellement j’avais régulièrement droit à la sempiternelle  rengaine : et c’est quoi ton pays d’origine ? Bref, passons. Ce n’est pas le propos de cet article. Le fait de vivre certaines expériences physiquement permet de les transposer plus facilement dans la vie de tous les jours.

 Les affaires encombrantes et inutiles

Dans beaucoup d’auberges du Chemin, il y avait des grands cartons dans lesquels les pèlerins déposaient les affaires qui encombraient inutilement leur sac à dos. Au fil de la marche, les épaules sont là pour nous rappeler que chaque gramme compte.  Et d’étape en étape on s’allège pour finir léger et libre, libéré de toutes ces choses superflues qu’on croyait indispensables.

Et si je posais mon sac ?

Sur le chemin, on traverse parfois des villes riches en histoire, en architecture etc… On marche à travers des paysages beaux à vous couper le souffle. On peut choisir de ne pas s’arrêter pour ne pas perdre du temps et arriver parmi les premiers à l’auberge pour choisir son lit. On peut aussi prendre quelques minutes pour admirer ces paysages et visiter ces belles églises ou autres édifices avec son sac sur le dos. Et si on posait simplement son sac ? Le simple geste de défaire la sangle abdominale, de se dégager du sac d’un mouvement d’épaule et de le poser par terre constitue un début de bonheur ! Bonheur que vient couronner le sentiment de liberté que l’on ressent. On sent un frisson de liberté qui descend des épaules jusqu’aux hanches pour se terminer aux chevilles. Et brusquement, le paysage, l’édifice que l’on admire prend une toute autre dimension. Comme si, en posant son sac, on a revêtu des lunettes qui nous transporte dans une réalité augmentée. Il n’y a plus qu’à jouir du spectacle en ayant reposé ses épaules, ses hanches et ses chevilles. Bonheur, liberté, beauté…

Le syndrome des trois derniers kilomètres.

Les trois derniers kilomètres avant d’atteindre l’étape du jour étaient souvent les plus durs. Imaginez : vous avez marché pendant une vingtaine de kilomètres sur un chemin encore imbibé de la pluie de la veille, avec des petites montées glissantes et des descentes périlleuses. Le soleil commence à se montrer coriace. Vos épaules et vos jambes vous envoient des « sms » pour vous demander : « quand est-ce qu’on arrive ? ».  Et vous voyez un petit panneau «  Albergue 3 km ».  Sauvé ! Quoi ? Sauvé ? Mon œil !  Ces trois kilomètres vont être les plus longs de votre vie. Plus longs que les vingt que vous venez de parcourir. Vous marchez, enfin content d’arriver. Vous marchez encore et encore. Ah, un panneau. Vous vous approchez : «  Albergue 2,5 km ».  Et oui ! Vous n’avez marché que 500 m. Et là, vous avez besoin de rassembler toute l’énergie qui vous reste pour  venir à bout de ces 2,5 km. Peut-être fallait-il ignorer le panneau et continuer comme si de rien n’était ?

 

 

Eugène Mpundu, Coach de vie. 

+33 7 89 84 21 12

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Commentaires: 1
  • #1

    Rachel (jeudi, 10 mai 2018 15:04)

    Ah Eugène, quelle aventure! A travers cet article, je reconnais l'écrivain que tu es. Je suis avec toi quand tu te sens libre, heureux de profiter de la beauté du paysage qui s'offre à toi et je peux aussi imaginer la difficulté des ces fameux trois derniers kilomètres... Bonne continuation!!!! Bonne route!!!! Rachel