Sommes-nous tous des malades mentaux ?

J'ai relu avec beaucoup d'intérêt le livre d’Allen Frances à qui j'ai emprunté le titre de cet article. Allen Frances est connu comme « l’un des psychiatres américains les plus influents». Il a dirigé la rédaction du DSM IV. C'est sous ce sigle que l'on désigne le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) qui est l'un des ouvrages servant de référence pour la description et la classification des maladies mentales.

Dans ce livre paru en 2013 et dont le contenu est toujours d'actualité, Allen Frances tire la sonnette d'alarme pour dénoncer la "surmédicalisation des vicissitudes de la vie humaine". Son constat est que la psychiatrie a tendance à traiter comme pathologie ce qui relève de la vie normale: tensions, déceptions, peines, deuils et passions. Le fait de désigner le moindre bobo de l'âme comme une pathologie mentale entraîne la médicalisation et la multiplication des traitements parfois inadaptés.

En ce mois de février 2022, je totalise cinq années de pratique en coaching de vie et j'ai vu passer dans mon cabinet beaucoup de personnes qui avaient envie d'expérimenter une façon différente d'aller vers le bien-être et qui se disaient fatiguées par les médicaments censés les guérir. Une de mes clientes m'a relaté que quand elle avait 15 ans sa mère lui donnait du Xanax parce qu'elle était souvent anxieuse et près de quarante ans après, cette anxiété est toujours tapie dans un coin de son âme, surgissant de temps en temps en fonction des obstacles qu'elle rencontre sur son chemin de vie. Un autre de mes clients m’a confié s’être fait interné volontairement dans un hôpital psychiatrique sans que cela ne guérisse ses accès de colère et d’agressivité  qui l’éloignent de plus en plus de sa famille et de ses collaborateurs.

Non, nous ne sommes pas tous des malades mentaux. Beaucoup d’entre nous avons simplement besoin d’acquérir la flexibilité psychologique qui nous permettra de disposer de plusieurs choix de comportements quand nous vivons une expérience psychologique douloureuse. Nous avons naturellement tendance à fusionner avec nos pensées et à agir dans le sens de nos croyances limitantes. Nous nous identifions aux étiquettes que notre entourage nous a collées et nous agissons en conséquence. Et si la liberté consistait à vivre l’instant présent, accepter ce qui advient et nous mettre en mouvement avec cette belle boussole que constitue l’ensemble de nos valeurs ?

Heureusement qu’il existe des psychiatres qui font très bien leur travail et qui aident des personnes atteintes de pathologies mentales lourdes à s’en sortir. Dans tous les cas, je conseille toujours aux personnes que j’accompagne de ne pas arrêter les médicaments qui leur ont été prescrits sans demander l’avis du prescripteur. Certains traumatismes lourds nécessitent une action conjuguée des différentes disciplines pour aider le patient à s’en sortir.

Si la vie était un long fleuve tranquille, cela se saurait ! Ceci dit, le fait de nous focaliser sur ce qui ne va pas, nous empêche parfois de gouter aux délices de la vie. Encore faut-il être assez lucide pour les dénicher ! Et la bonne nouvelle c’est que cette lucidité peut s’acquérir !

 

Je m’appelle Eugène Mpundu, je suis Coach de Vie

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